
Expédition avec Elena et Mircae
Introduction – Une aventure humaine au cœur de la Mongolie
J’ai eu le plaisir de guider Elena et Mircea lors d’une expédition exceptionnelle reliant deux régions parmi les plus contrastées de la Mongolie : le désert de Gobi, au sud, et la région montagneuse de Bayan-Ölgii, à l’extrême ouest du pays.
Ce voyage n’était pas seulement une traversée géographique de plusieurs milliers de kilomètres, mais avant tout une aventure humaine, fondée sur la curiosité, le respect des cultures locales et une approche consciente du voyage. Ensemble, nous avons partagé le quotidien du terrain, les imprévus, les silences du désert et la grandeur des montagnes de l’Altaï.
23 juin : Arrivée et premières impressions
Notre équipe de deux personnes s’est rendue à l’aéroport international Chinggis Khan afin d’accueillir nos invités, Elena et Mircae. En raison de conditions météorologiques défavorables, notamment un épais brouillard, l’atterrissage de leur avion a subi un retard important. Après près de deux heures d’attente, l’expédition a enfin pu débuter.
Nous avons pris la route en direction du parc national de Terelj, où la végétation estivale offrait un contraste saisissant avec l’atmosphère urbaine d’Oulan-Bator. Les paysages verdoyants se sont révélés particulièrement impressionnants. La visite du temple de méditation Aryapala a suscité un vif intérêt chez nos invités, qui ont surtout été attirés par l’architecture extérieure et l’implantation du site dans la montagne, davantage que par l’intérieur du temple. La journée s’est conclue par un excellent dîner, accompagné d’une vue panoramique spectaculaire, idéale pour marquer le début de l’aventure.
24 juin : En route vers le Sud
La deuxième journée a commencé tôt, à 6h00 du matin. Nous avons roulé toute la journée sur des routes goudronnées, progressant régulièrement vers le sud du pays. L’arrivée à notre hébergement a eu lieu vers 17h00.
Notre seul arrêt intermédiaire fut à Mandal Gobi, où nous avons déjeuné au restaurant Burd. Cet établissement se distingue par son intérieur soigné, la qualité de son service et une cuisine particulièrement appréciée par nos voyageurs. Conformément au programme, les activités majeures ont été volontairement reportées au lendemain, consacré à la découverte de Yolyn Am.
25 juin : Yolyn Am, faune et paléontologie
Le départ s’est fait à 5h30, avant le lever du soleil, afin de rejoindre la vallée de Yolyn Am dans les meilleures conditions d’observation de la faune. Nous avons eu la chance d’apercevoir des ibex, des argalis, ainsi que des gypaètes barbus (Gypaetus barbatus) lors de leurs vols matinaux.

Après environ une heure de trajet, nous avons exploré la vallée pendant près de trois heures :
- passage à travers des formations rocheuses étroites,
- observation de structures géologiques remarquables,
- marche sur une couche de glace épaisse de 50 à 60 cm,
- observation de pikas (Ochotona).
Nous avons ensuite visité le musée de Dalanzadgad. Le rez-de-chaussée abrite une riche collection paléontologique, principalement des fossiles de dinosaures, tandis que les étages supérieurs retracent les grandes périodes de l’histoire mongole. Malgré un programme dense, nous avons poursuivi la route jusqu’aux dunes de Khongor. Nos invités, déjà familiers des balades à dos de chameau et des dunes, ont choisi de ne pas participer à ces activités. La journée s’est terminée par un dîner tardif chez une famille locale, moment d’échange et de partage apprécié.
26 juin : En route vers Khermen Tsav
Nous avons pris la route à une heure raisonnable pour rejoindre le sum de Sevrei, où un nouveau membre de l’équipe nous attendait avec un véhicule Furgon d’origine russe, inspiré des modèles Volkswagen. Arrivés en avance, nous avons patienté avant de repartir ensemble vers Khermen Tsav, en empruntant un terrain particulièrement difficile. L’expédition s’est déroulée sans incident majeur, à l’exception de deux crevaisons causées par l’arbuste Zag (Haloxylon ammodendron).

Nous sommes arrivés au canyon au moment du crépuscule, lorsque les couleurs et les formations géologiques prennent toute leur dimension. Pendant que nos invités réalisaient leurs observations, l’équipe logistique montait le camp et je préparais le dîner traditionnel, un tsuivan. En raison de la chaleur nocturne, trois membres de l’équipe ont préféré dormir à l’extérieur plutôt que sous la tente.
27 juin : Sources, formations rocheuses et longues pistes
Depuis Khermen Tsav, nous avons poursuivi vers la formation d’Alabaster, également appelée Mirror Rock. En chemin, nous nous sommes arrêtés à la source naturelle de Naran Bulag, unique point d’eau dans un rayon de 50 km. Cette source alimente une petite rivière qui permet le développement d’une végétation essentielle à la faune du désert. Un groupe de chevaux y vit en permanence. Durant notre pause, cinq chameaux bactriens (Camelus bactrianus) sont arrivés, offrant à Mircae une belle opportunité de prises de vues.

Après une réparation des pneus dans un lieu surnommé « la patrie du bataar », nous avons entamé une longue traversée de 200 km. Environ 40 km du trajet se distinguaient par un relief singulier dominé par une formation appelée Khanan Hetssiin Tsereg (nom variable selon les sources). Nous avons installé notre camp à Sain Saryn Khundii, où une source et des affleurements rocheux créent un ruisseau tempéré, réputé pour ses effets bénéfiques sur la digestion. En raison de conditions météorologiques défavorables, nous avons finalement passé la nuit à l’intérieur du véhicule.
28 juin : Bayanzag et fin de l’expédition
La progression fut plus calme, avec 280 km seulement à parcourir. Après un déjeuner dans le sum de Bayandalai, nous sommes arrivés vers 17h00 à Bayanzag, site paléontologique mondialement connu, où Roy Chapman Andrews réalisa ses découvertes majeures de fossiles et d’œufs de dinosaures.

Nous avons observé la formation d’albâtre, célèbre pour ses minéraux à forte réfraction lumineuse. Selon la tradition locale, cette roche aurait autrefois reflété des images, avant d’être endommagée durant la période soviétique. À Bayanzag, nous avons visionné une partie du documentaire local, puis exploré les mythiques Falaises enflammées (Flaming Cliffs). L’expédition s’est conclue par le départ de notre guide local et du conducteur du véhicule d’appui.
Extension du voyage – Une semaine à Bayan-Ölgii, au cœur de l’Altaï mongol

Après l’exploration du désert de Gobi, notre itinéraire s’est prolongé par une semaine dans l’extrême ouest de la Mongolie, dans la province de Bayan-Ölgii, région emblématique des montagnes de l’Altaï et berceau de la culture kazakhe. Ce changement de décor radical permet de découvrir une autre facette du pays, plus alpine, plus verdoyante et profondément marquée par les traditions nomades.
Jour 1 – Arrivée à Ölgii et immersion culturelle
Arrivée à Ölgii, capitale de la province, suivie d’une visite du musée local kazakh, offrant un aperçu de l’histoire, des costumes traditionnels, de la musique et de l’artisanat local. Rencontre avec notre guide local et préparation de l’expédition dans les montagnes. Nuit chez l’habitant ou en petite guesthouse locale afin de soutenir l’économie locale.
Jour 2 – Vers les montagnes de l’Altaï
Départ en véhicule 4×4 vers les vallées montagneuses de l’Altaï. Installation dans une famille nomade kazakhe, vivant sous la yourte. Découverte du mode de vie pastoral, participation aux activités quotidiennes (traite, préparation du thé au lait, fabrication de produits laitiers). Soirée d’échanges autour du poêle, moment clé d’un tourisme humain et respectueux.
Jour 3 – Aigliers kazakhs et traditions ancestrales

Journée consacrée à la rencontre avec un aiglier kazakh, gardien d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Présentation de l’aigle royal, explication des techniques de chasse traditionnelles (sans mise en scène intrusive). Cette approche privilégie l’observation et l’échange culturel, dans le respect de l’animal et des traditions.
Jour 4 – Randonnée douce et observation de la faune
Randonnée à pied ou à cheval dans les paysages spectaculaires de l’Altaï : sommets enneigés, vallées glaciaires et rivières cristallines. Observation possible de marmottes, aigles, vautours et, avec chance, d’ibex. Les itinéraires sont choisis afin de préserver les pâturages et la faune locale, sans laisser de traces.
Jour 5 – Parc national de l’Altaï Tavan Bogd
Exploration du parc national de l’Altaï Tavan Bogd, site naturel majeur abritant les plus hauts sommets de Mongolie et des glaciers impressionnants. Marche autour des zones accessibles sans perturber les écosystèmes sensibles. Sensibilisation aux enjeux du changement climatique, particulièrement visibles dans cette région de haute montagne.
Jour 6 – Lacs et paysages d’altitude

Route vers les lacs alpins (Khoton, Khurgan ou Tolbo, selon l’itinéraire), véritables oasis entourées de montagnes. Temps libre pour la contemplation, la photographie responsable et les échanges avec les familles nomades installées à proximité durant la belle saison. Nuit sous tente ou en yourte, dans le respect des règles de bivouac durable.
Jour 7 – Retour à Ölgii et conclusion du voyage
Retour progressif vers Ölgii. Derniers achats d’artisanat local (broderies, feutre, objets traditionnels) afin de soutenir directement les artisans. Bilan du voyage et fin de cette immersion complète entre désert, steppes et montagnes.

Une expédition menée dans un esprit responsable
Tout au long du voyage avec Elena et Mircea, j’ai veillé à appliquer une approche de tourisme responsable :
- collaboration avec des guides, chauffeurs et partenaires locaux,
- respect des coutumes nomades et kazakhes,
- attention portée aux zones naturelles sensibles,
- échanges autour des impacts du changement climatique, visibles notamment sur les glaciers de l’Altaï.
Voyager lentement, observer et comprendre font partie intégrante de cette démarche.
Conclusion – Un voyage qui laisse une trace, pas une empreinte
Cette expédition du Gobi à Bayan-Ölgii, vécue avec Elena et Mircea, restera pour moi un voyage riche de sens. Elle démontre qu’il est possible de vivre une aventure intense, loin des itinéraires classiques, tout en respectant la nature et les communautés locales. Voir des voyageurs repartir avec une compréhension plus profonde de la Mongolie, de ses contrastes et de sa fragilité, est l’une des plus grandes satisfactions de mon métier de guide. C’est cette vision d’un voyage authentique, humain et durable que je m’efforce de partager à chaque expédition avec Ecovoyage Mongolie.
Références linguistiques roumaines
- Bofte bonna : équivalent de « bon appétit »
- Mulțumesc : merci
- Cal : cheval
- Cu plăcere : avec plaisir / je vous en prie
- Te iubesc : je t’aime
- Cămilă : chameau
